







Expositions principales
Individuelles
2014. Isabel Álvarez Zañartu. Galería Bacelos. Madrid
2008. Isabel Álvarez Zañartu. Centro Cultural Miguel de Cervantes. Madrid
Collectives
2024 Designarte. Réplica. Madrid.
2022. Certámenes artísiticos Cuidad de Tomelloso. Musée Antonio López Torres. Tomelloso.
2020. Atelier Solar. Espacio Cruce. Madrid.
2019. Artbanchel. Puerta 4. Madrid.
2018. MAF. Arthouse Holland. Leiden.
2017. Territorios Incógnitos. Sala Juana Francés. Saragosse.
2016. Atelier solar. Espacio Trapezio. Madrid.
2014. Salón de verano. Junta Municipal Moncloa. Madrid.
2013. Emergencias H2O. Universidad Complutense de Madrid +UCLA. Madrid.
Résidences et collaborations
2018. Résidence artistique Arthouse Holland. Leiden.
El Reino, film de Rodrigo Sorogoyen, Goya du meilleur réalisateur 2019. Apparition à l’écran de l’oeuvre Concret home.
2007 Mask of the Red Death. Battersea Arts Centre and The British Theatre. Londres.
(Choisie parmi les cinquante meilleures pièces de théâtre du 21ème siècle par The Guardian en 2019). Peintures murales
Isabel Álvarez Zañartu
Née à Madrid en 1976.
Diplômée des Beaux Arts de Madrid (Universidad Complutense) en 2003.
Une celèste sismographie
“Comme chacun le sait, l’Impressionnisme est né en Italie sous le pinceau d’ un espagnol. Dans les jardins de la Villa Médicis Velázquez a renversé la table autour de 1630, peignant deux petits paysages qui sont probablement les premières huiles sur toile exécutées “sur le motif” à ce jour. S’ engager physiquement, faire jaillir la couleur hors de l’atelier, par là-même fleurir son caravagisme, c’était d’un coup saisir la vie avec davantage d’acuité et vivifier son art, la grande affaire du peintre.
Par un savoureux hasard objectif, Velázquez aurait pu à la fin de sa vie rencontrer physiquement le jeune Shitao- dit “le Moine Citrouille-Amère”- oeuvrant de l’autre côté de l’hémisphère, colossal peintre et penseur du paysage “directement vécu” également. Pour lui la peinture est cet objet vivant procédant d’un geste qui respire et bat son pouls, à l’ instar de la montagne-même, qui non seulement s’ observe mais s´éprouve simultanément, le peintre étant un promeneur avant tout, sondant les artères de la terre, ses rides, son dialogue avec les nuages, etc. Shitao déclara: “Les monts et les fleuves me chargent de parler pour eux; ils sont nés en moi, et moi en eux”. Plus avant, ses Propos sur la peinture reflètent l’ idée étonnante selon laquelle le peintre “fait le troisième”, c’est à dire, littéralement: forme une trinité avec la Terre et le Ciel. Au fond, Velázquez vit-il son art autrement lorsque- le premier- il consacra la Sierra de Guadarrama, devenue présence picturale pour une lignée d’ artistes à venir?
Si Isabel Álvarez Zañartu reprend à son tour ce motif madrilène si emblématique, c’ est par hasard biographique autant que par connaissance du territoire de la Peinture, de son répertoire qu’elle fait sien; une dialectique que traverse tout créateur. Mais le résultat est à la hauteur de ses illustres aînés. Elle ne saurait dissimuler longtemps sa douceur face à la grandeur du sujet, ni sa manière d’ être exacte à bonne distance, tournant le dos à une description par trop obséquieuse des choses, et pourtant si attentionnée dans sa synthèse du monde. Au coeur de cette campagne qui dorénavant ressemble à son oeuvre, elle a développé tranquillement ce chromatisme implacable et reposant à la fois, ces lointains d’ azurs, de brise cuivreuse, frappants de justesse, en droite ligne d’une peinture espagnole qui a peut-être su mieux qu’aucune autre traduire la magie de l’ air des lieux, la poussière en suspension dans un espace donné. Cet équilibre - sa note musicale - est le fruit d’une lente maturation, une recherche qui vise moins le lyrisme d’un geste ou d’un effet que de se fondre dans le thème avec une totale sincérité. Et l’on sait pourtant ce qu’ il faut d’art, précisément, pour donner l’ illusion de son effacement, et ce qu’il faut de technique pour la faire oublier.
Sa façon très singulière de se livrer à travers son travail ne s´éloigne jamais de cet esprit de réalisation de la Nature des Anciens, même si aujourd’ hui la nature a changé, et les tremblements de terre ne sont plus ce qu’ils étaient. La Chine de Xi Jinping commet à grands frais l’“aplanissement” de centaines de ses montagnes, coupées en deux horizontalement pour y construire des villes. Voilà aussi que la peinture demeure cet irremplaçable voie d’accès à tous les vertiges, et puisque les paysages d’Isabel Álvarez Zañartu sont contemporains de la menace de leur disparition, ils sont aussi une très sensible tentative d’en retenir la beauté, de vivre le sujet avec suffisament de candeur pour en mesurer la cosmique permanence, paradoxalement fragilisée par l’Histoire.
Peindre la montagne pour ne pas qu’ elle s’ écroule.”
Morgan Bancon